Conflit Homme-Éléphant au Gabon : Une stratégie nationale pour une coexistence pacifique

Le Gabon, pays riche en biodiversité avec plus de 50 % des éléphants de forêt du Bassin du Congo, fait face à un défi majeur : le Conflit Homme-Faune (CHF) et particulièrement le Conflit Homme-Éléphant (CHE).
Entre 2016 et 2021, près de 12 000 plaintes pour destruction de cultures ont été enregistrées, mettant en évidence l'urgence de trouver des solutions durables. Sur la période de 2020 à 2021, sur les 27 agressions par la faune sauvage, 18 sont du fait des éléphants avec 8 décès et des blessés graves.
 

Des défis persistants
Les consultations provinciales réalisées en 2021 ont révélé des problématiques structurelles, telles que la réduction de l’habitat naturel due aux exploitations agro-industrielles et forestières. Malheureusement, la proposition de stratégie nationale de gestion des CHF initiée en 2021 n’avait pas été finalisée en raison, entre autres, d’un manque de financement.
 
Enfin une finalisation…
Grâce aux appuis du projet GIZ TRIDOM et du WWF Gabon, une équipe d’experts s’est mobilisée du 28 au 30 octobre 2024 pour amender les propositions de stratégie de gestion des CHF et le plan d’actions associé.
Cette équipe était composée des représentants des administrations publiques, du secteur privé et de la société civile. Au terme de ces travaux, une cérémonie de remise desdits documents à la Ministre de l’Environnement, du Climat et des CHF s'est déroulée le 06 novembre 2024.
 
Au regard de l’importance de la thématique des CHF pour le Gouvernement, la Ministre de l’Environnement, du Climat et du Conflit Homme Faune, Madame Arcadie Svetlana Minguengui Ndomba épse. Nzoma, et la Directrice Nationale du WWF Gabon, ont procédé, le 29 novembre 2024, à la remise des documents au Premier ministre de la Transition, Mr Raymond NDONG SIMA.  
 
Une réponse stratégique globale
Validés en novembre 2024, la Stratégie Nationale de Gestion du Conflit Homme-Éléphant (SNGCHE) et son plan d’action visent à instaurer une coexistence pacifique entre humains et éléphants d’ici 2026. Son objectif : concilier conservation et développement socio-économique en garantissant la sécurité des populations tout en protégeant cette espèce emblématique.
 
Axes d’intervention prioritaires
Cinq axes d’intervention prioritaires composent le plan d’actions.

 
Une mobilisation nécessaire
Pour garantir une mise en œuvre efficace, la stratégie s’appuie sur un plan d’actions pluriannuel qui repose sur des indicateurs précis, des moyens financiers diversifiés et une évaluation continue pour ajuster les actions en fonction des résultats obtenus. Sa réussite dépendra d’une mise en œuvre rigoureuse et de l’inclusion de l’ensemble des parties prenantes.
 
Le Gouvernement gabonais appelle à la collaboration de toutes les parties prenantes : (institutions publiques, ONG, bailleurs de fonds et communautés locales) pour garantir la sécurité physique et alimentaire des populations tout en protégeant l’éléphant, symbole du patrimoine gabonais. C’est ainsi que le 12 décembre 2024, le Premier Ministre a rencontré les responsables des ONGs de conservation internationales et nationales aux fins de mettre en place un plan de travail conjoint et de mobiliser les ressources financières visant à lancer rapidement les activités de terrain. Parmi les actions prioritaires à mener, il ressort l’inventaire national des éléphants et l’étude nationale pour une meilleure compréhension de cette problématique, notamment les causes, afin d’appliquer des solutions mieux adaptées.
Pour cela, plusieurs ONGs ont mis en place un cadre de concertation et de coordination afin de mutualiser les ressources techniques et financières. Cela permettra d’accompagner efficacement le Gouvernement gabonais et d’apporter des réponses durables et efficaces aux attentes des communautés.
 
La mise en œuvre de cette stratégie sera un exemple fort de l’engagement du Gabon pour une conservation réussie au service des communautés et de la biodiversité.
 
Le défi est immense mais il est à la hauteur de l’importance de ce trésor écologique qu’est le Gabon.